lundi 5 juillet 2010

Lectures 1

Moussa Nabati (2007) : Ces interdits qui nous libèrent. La Bible sur le Divan. Paris : Editions Dervy.

J'ai été impressionné et surpris par la lecture de ce livre car il aborde un sujet qui me paraît à premier abord paradoxe. En effet, je vécu jusqu'à l'âge de vint ans dans une secte protestante où l'interdit (en combinaison avec la promotion de sentiment de toute-puissance – être des élus –, de pensée magique – exhaustion de prière –) était l'alpha et l'oméga, soutenu par de puissant sentiments de culpabilité. Je ne sentais rien d'une libération ; j'avais le sentiment d'une aliénation. D'autant plus le contenu du livre me frappe…

Les extraits :
p. 72 : « L’interdit sert ainsi à libérer le sujet, à lui préserver plus exactement une autonomie psychique face à la toute-puissance pulsionnelle, en inscrivant celle-ci dans un cadre et des limites. »
p. 73 : « C’est par la médiation de l’action sur le corps que la loi s’intériorise, s’introjecte, s’intègre, prend ‘corps’ afin d’édifier le moi. L’homme n’est pas ; il le devient grâce à l’assimilation de la loi de différenciation qui seule permet d’habiter son corps, de ressentir le désir et d’éprouver du plaisir. […]
Autrement dit, au fond l’interdit biblique ne vise ni exclusivement le corps et ni l’objet défendu (le porc par exemple), mais ce qu’il représente, incarne, symbolise, c’est-à-dire l’hybridité, la confusion, la non-distinction, le mélange.
En tant que tiers symbolique, il s’interpose dans l’entre-deux du moi et de la pulsion pour sauver le premier de la toute-puissance instinctive de la seconde, qui cherche à tout être, tout avoir, tout prendre dans le déni de la culpabilité et le refus du manque. Faute de cette médiation, destinée à protéger aussi bien le moi et la pulsion source de l’énergie libidinale, le psychisme serait ballotté sans cesse entre la perversion et la dépression, deux excès également destructeurs. »
p. 91 : « L’interdit ne s’adresse donc jamais au plaisir, mais à la toute-puissiance pulsionnelle afin de préserver le sujet des risques emballement et d’extinction, pour que précisément il puisse jouir ! »
p. 139 : « La loi remplit précisément comme mission celle de s’interposer dans l’entre-deux de la pulsion et du moi afin de protéger le sujet des extrêmes nuisibles, la panne dépressive et l’agitation perverse. »
p. 141 : « […] Seule la loi de la séparation lui permet de mettre de l’ordre, de l’organisation, de la lumière, de la distance dans le tohu-bohu des ses pulsions inconscientes afin de différencier ses fantasmes de la réalité, ses désirs de ceux des autres, ses valeurs et croyances de celles de son environnement. »
p. 143 : « […] L’objectif ultime consiste dans la réalisation de soi, dans l’établissement des liens que seule la différenciation rend possible de manière paradoxale. »
p. 160 : « L’interdit a pour fonction de fixer des limites afin de rendre la différenciation possible. »
p. 178 : « […] Justement la loi, en fixant une limite, un cadre et des repères, protège le moi à la fois contre la culpabilité dépressive et contre le déferlement pulsionnel pervers. »

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